Carnet de route

Chronique d'une mésaventure

Le 10/07/2019 par Sébastien LAUGIER

Il est 10h le 30 juin 2019 sur l’arête Nord de l’Olan.

Sébastien sommeil au soleil à 3228m.

Nous attendons Jean-Michel et Luc qui ont pris du retard par une erreur d’itinéraire.

Aude et Dominique vont bon train et remontent les 336 D+ qu’ils nous séparent du sommet. Nous avons convenu qu’il était inutile d’être quatre à attendre, sachant qu’ils pouvaient rejoindre les copains arrivant de la face Sud.

11h30, Sébastien sort de ses rêves et les deux cordées s’élancent vers le sommet.

Quelques brumes tournoient sur les arêtes Est qui mènent sur notre itinéraire de descente, vers la brèche Escarra.

Signe annonciateur de l’orage prévu en fin de journée (info de la veille au refuge Font Turbat)

Nous arrivons au sommet pour 14h.

Les nuages noirs et pluvieux ont envahi les sommets Sud. Il faut se hâter de descendre.

De l’antécime, je mouline Sébastien quelques mètres en contre bas sur un anneau de corde en place.

Je ressens des vibrations autour de moi par alternance, je touche un mousqueton et j’ai le sentiment qu’il vibre.

Quelques secondes au-delà du réel.

La réalité me saisit, je comprends, ceux sont les « abeilles » dont j’ai toujours entendu parler. La torpeur me prend.

Luc arrive sur l’antécime, piolet et bâtons tendus en l’air par son sac se mettent à bourdonner. Je crie : « couchez-vous, enlevez vos sacs ».

Je dépose au sol tout ce qui est métallique. Je monte un relais sur un béquet avec deux sangles et deux mousquetons à vis, il faut descendre le plus vite possible de cette arête. Mes mots sont excessifs : « je ne vais pas mourir ici ».

Je me rends compte que nous ne pouvons pas laisser notre matériel et nos sacs sur cette arête. Luc et jean-Mi réagissent et replacent le matériel sur les sacs. Je prends l’initiative d’accrocher nos sacs en bout de corde et les jette dans la face Nord.

La corde se mélange aux sacs. Je descends en rappel, pousse ces fagots dans la pente, la corde se tend. J’ai de plus en plus de mal à descendre par le poids des sacs qui me contre assurent et les nœuds de boucles qui se sont formés.

Une dizaine de minutes plus tard, j’atteins une vire à une trentaine de mètres plus bas. Luc et Jean-Mi arrivent à transmettre un brin de corde à Sébastien. Ils me rejoignent pendant que la pluie fait son apparition, ainsi que les éclairs.

Je me décale et trouve un relais de fortune sur une fine cordelette. Je mouline Jean-Michel un peu plus bas qui se pose sur une vire.

La grêle nous martelle. Un éclair frappe le sommet central à une dizaine de mètres.

Luc descend à son tour et arrive plus bas. Fabrique un relais et se vache.

Je descends Jean-Michel puis Sébastien. Je les rejoins en rappel. Nous sommes trempées. Nous tremblons de froid. Je force ma respiration pour garder mon esprit éveillé.

Par quelques désescalades, nous arrivons à la brèche Escarra.

Perte de Lucidité, nous pensons qu’elle est plus loin. Nous tentons de continuer. Le chemin est scabreux. Nous remontons sur la brèche.

La pluie ne cesse et une deuxième salve de tonnerres retentit autour de nous.

Transits de froid, nous sortons les couvertures de survies.

 

Je n’arrive pas à me poser. Regarde l’heure. Il est 19h30.

On ne peut pas rester là.

Piolet en main, je me décale pour observer la brèche et découvre des anneaux de cordes. C’est bien le relais de la brèche Escarra !

« On y va les gars, on rentre ! »

Nous descendons en rappel sur 60m.

Nous entendons un hélicoptère en fond de vallée. Il ne s’arrête pas. Ce n’est pas pour nous.

Fixés à une sangle sur un béquet, nous préparons un deuxième rappel.

L’hélicoptère se fait une nouvelle fois entendre. Il fait des allers-retours dans la vallée puis monte vers le refuge de l’Olan. Le voilà au-dessus de nous. Notre joie réchauffe nos corps.

Merci le PGHM de Briançon.







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